Seule une nature diversifiée est une nature résistante. En tant que classe d’animaux la plus riche en espèces, les insectes contribuent de manière déterminante à la biodiversité de notre planète, car ils maintiennent l’équilibre du cycle de nutrition, de digestion et de décomposition. Parce qu’ils décomposent des substances nocives pour les autres êtres vivants. Et parce qu’ils « incitent » la flore et la faune à répondre à l’intelligence des insectes par des stratégies toujours plus performantes.

Les abeilles affairées ne sont pas les seules à contribuer à la reproduction de la flore : les moustiques, les mouches et de nombreux autres insectes participent également à la pollinisation ou au transport des graines. Jusqu’à 75% de nos plantes cultivées et jusqu’à 90% de toutes les plantes sauvages dépendent des insectes. Cette prestation vaut de l’argent : les experts estiment par exemple l’utilité économique de la pollinisation à 265 milliards d’euros par an.

Les insectes sont des éléments importants de la chaîne alimentaire : la plupart des oiseaux, des poissons d’eau douce, des reptiles et des amphibiens ainsi que divers mammifères dépendent des insectes pour leur alimentation. Le martinet noir (Apus apus), par exemple, se nourrit de plus de 500 espèces d’insectes comme les pucerons, les hyménoptères comme les abeilles et les fourmis, les coléoptères, les mouches et les arachnides. Les couples nicheurs qui se nourrissent récoltent plus de 20 000 insectes par jour pour leurs petits animaux. De nombreux mammifères se nourrissent également d’insectes, comme les hérissons par exemple. Même dans l’eau, on ne peut pas se passer des insectes : Les poissons d’eau douce se nourrissent jusqu’à 90% de larves d’insectes. Les insectes se nourrissent également d’insectes, ce dont profite la lutte contre les parasites dans l’agriculture. Plus de 50 espèces d’insectes sont aujourd’hui spécialement élevées et commercialisées à cette fin.

Environ un tiers de tous les aliments est dû à la pollinisation par les insectes. Les plantes fruitières, les fruits à faible croissance et les légumes sont inimaginables sans les insectes. Sans insectes, même un cheeseburger ne serait qu’un petit pain, car les bovins préfèrent se nourrir de plantes fourragères pollinisées par les insectes. Et saviez-vous que les moustiques sont les seuls pollinisateurs du cacaoyer, de sorte que dans chaque chocolat se trouve également le travail des insectes ? Mais ce n’est pas tout : l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture considère la consommation d’insectes comme une solution d’avenir sur la voie d’une alimentation mondiale plus durable.

Sans les insectes, nous aurions un gros problème d’hygiène. Que se passe-t-il par exemple avec toutes les bouses de vache sur nos pâturages ? Les insectes qui se nourrissent d’excréments s’occupent des tas de fumier. On les appelle des coprophages. Certains insectes déposent directement leurs œufs dans les excréments et y vivent, d’autres creusent des galeries jusqu’à dix centimètres de profondeur et s’y installent avec les excréments. Les scarabées les emmènent même à plusieurs mètres de là pour les ingérer tranquillement à l’abri de leurs concurrents.

Comme les vers de terre, de nombreux insectes participent au remaniement, au mélange et à l’aération du sol. Cela favorise la « respiration » du sol et le développement des racines des plantes. Mais en décomposant les matières organiques, les insectes contribuent aussi directement à la formation d’humus et à la fertilité du sol.

Sans les insectes, nous serions plutôt nus. Cela ne concerne pas uniquement la soie produite par un insecte. Sans la participation active des insectes, le cotonnier ne pourrait pas non plus prospérer. Il en va de même pour les produits en cuir, car les animaux dont nous tirons la peau sont tributaires des plantes fourragères – et celles-ci dépendent à leur tour du travail des insectes.

Les insectes aident l’industrie dans la production de produits chimiques : la peau graisseuse des poux de graisse et des poux de farine est utilisée pour la production de cire et les cochenilles à opercule fournissent de la résine. La cochenille Laccifer lacca est particulièrement connue. La « gomme-laque » qu’elle produit adhère à de nombreuses surfaces, possède une bonne plasticité thermique et une faible sensibilité à de nombreux solvants et est biodégradable. Le produit est aujourd’hui utilisé dans le monde entier sous de nombreuses formes pour l’isolation, la dénaturation et le scellement, par exemple pour les appareils électriques, les cirages pour chaussures, les laques pour cheveux, les vernis à ongles, les encres d’imprimerie.

La plupart des plantes bénéfiques pour la santé ne peuvent se passer de la pollinisation par les insectes, par exemple la valériane, la lavande, la mélisse, l’eucalyptus, la camomille, le millepertuis et la sauge. Le marché mondial des plantes médicinales connaît depuis des années une croissance d’environ dix pour cent et représente aujourd’hui quelque 100 milliards de dollars américains. En raison de l’apparition de germes multirésistants pour lesquels la médecine ne dispose pas de traitement sûr, la thérapie par les asticots a repris de l’importance ces dernières années. Le venin d’abeille est également utilisé avec succès en médecine depuis 1930 pour traiter l’arthrite.

Les papillons de nuit ont une odeur jusqu’à 100 fois plus fine que celle des humains, les fourmis peuvent porter plusieurs fois leur poids, les moustiques défient sans peine la force des grosses gouttes de pluie et les coléoptères s’orientent de manière fiable grâce aux étoiles sans système de navigation électronique. Pourquoi les vers luisants brillent-ils, comment les collemboles parviennent-ils à être à la fois perméables à l’air et résistants aux frottements et comment les fourmis cohabitent-elles pacifiquement dans des communautés comptant jusqu’à 800 000 individus ? Les insectes sont des animaux intéressants, dont l’étude peut nous apprendre beaucoup de choses.